JUIN 1629. CHENERILLES

« Je m’appelle Jean. J’ai 14 ans. Je quitte Chénerilles en ce mois de juin 1629, après plusieurs semaines d’enfermement dans l’enceinte du village. Il ne me reste rien, que la peau sur les os. 31 des 35 habitants sont morts de la peste en un mois, et toute ma famille a disparu.

Cela a commencé en mai. L’inquiétude était palpable depuis des mois, lorsque les nouvelles de la maladie nous sont parvenues d’Italie. Un jour, les troupes du roi de Francesont passées par la vallée de la Bléone alors qu’un arrêté interdisait les voyages depuis les régions infectées par la peste. Mais de tous temps les troupes en guerre ont tous les droits… Comment le mal est parvenu jusqu’à notre colline perchée nul ne le sait… ou nul n’ose le dire.

Lorsque les premiers symptômes sont apparus, nous avons été confinés dans le village, avec une interdiction stricte d’en sortir sous peine de mort. Depuis Digne, le consul nous a envoyé des médecins, de la nourriture, du pain, de l’eau. La maladie s’est répandue parmi nous. Aisé ou pauvre, jeune ou vieux, elle n’a pas fait de différence. Les courageux médecins avec leur masque à long bec prodiguaient soins et fumigations dans le village, parmi les vomissements, les bubons, les maux de tête et les cadavres.

C’est fini. Notre pauvre village ne se relèvera pas. C’est fini et la maladie a malgré tout atteint Digne, après avoir décimé nos familles pendant 15j.
Je m’appelle Jean et je vais m’accrocher à la vie. »

Jean vivra jusqu’à 100 ans.

Pour en savoir plus : Chénerilles sur Wikipedia – Le Tour de Chenerilles n°4